No one is here for you

Il s’agit du premier livre de photographies de l’auteur né à Paris depuis Every Day Is Doomsday (Damiani, Artbooks, NY), publié il y a plus de cinq ans.
Qu’est-ce qui peut bien ramener un réalisateur à la photographie après tout ce temps? De toute évidence, une pandémie, et l’impossibilité momentanée de pouvoir tourner des films.
“J’écrivais tout le temps, et puis j’ai compris que j’écrivais des scripts que je ne pouvais pas tourner. Alors j’ai ôté la poussière de mes appareils photos, et je suis sorti”, nous dit Julien Levy.

Ces images sont prises de nuit, dans les bars et les rues de Tokyo, tout au long de ces mois où l’idée même d’une vie sociale était pourtant si mal vue. L’idée qui sous-tend le livre est de capturer la solitude terrible des jeunes artistes dans une ville qui les a oubliés. Le casting est prestigieux : acteurs et actrices “qui montent”, mannequins, artistes, musiciens…et tous sont pourtant capturés dans cette vie de frustration, d’attente et surtout de mélancolie. Le livre en déborde. On sent les souvenirs d’une liberté passée, les souvenirs de voyages interdits, les souvenirs d’une liberté obsolète.
NO ONE IS HERE FOR YOU penche clairement vers le côté sombre de la vie en tant de pandémie : loin des polémiques, on plonge tout de suite au fond du trou. Toute le monde est seul, le travail est parti, et personne ne vous aide. Mais il y a de la beauté là-dedans. La ville est désertée. La plus grande ville du monde. On peut se l’approprier. On peut en faire un terrain de jeu, sans touristes, sans but. La mélancolie ne peut être battue, mais elle peut être canalisée.
Une caméra à la main, une flasque de whisky dans la poche, c’est ce que Julien Levy nous dit : cold hands, warm hearts. Haut les coeurs.