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modern & contemporary art masters

GALERIE ARTISTMAGNA

Terre

Ramon Enrich

15 septembre - 15 octobre 2022

25 Rue de Beaune, Paris, France

RAMON ENRICH

Depuis ses origines, l’art cherche à subjuguer l’œil et l’esprit du spectateur par le prisme de l’émotion. Celui de Ramon Enrich exerce ce droit si savamment, que l’on consent dès le premier regard à plonger tout à fait dans son œuvre. Le talent de Ramon Enrich est - avant toute analyse -, de savoir nous émouvoir de façon directe, intense et profonde.

Assurément, l’univers pictural de Ramon Enrich est singulier.
Par ses dimensions tout d’abord, vastes, comme la profondeur de ses champs de vision et de ses couleurs. Par un sens aiguisé du décor. Un décor illimité, aménagé dans une structure quasi-mathématique de la surface pour atteindre l’harmonie du nombre d’or. En un même instant - celui du premier regard - il réconcilie le rationnel et le géométrique d’une part, avec les besoins de l’âme et de l’imagination d’autre part. L’artiste maîtrise la force de ses rythmes qu’il combine à une brillante distribution de la couleur. Régulières et élégantes, les vues fragmentées de son nouveau monde se projettent dans des perspectives infinies, mystérieuses et agréables à l’œil. Non sans rappeler le fameux observatoire qu’avaient imaginés les moghols à Jaipur, il dispose harmonieusement et rigoureusement instruments de mesures stellaires monumentaux et habitat minimaliste dans des jardins utopiques aux allures de science-fiction. Cependant et en cela réside tout le paradoxe de sa recherche : il cherche moins à restituer l’illusion d’un monde qu’à provoquer sur le spectateur un choc semblable à celui que le réel lui suggère. Puis par la matière pure, il détient le pouvoir de nous faire pénétrer dans l’épaisseur charnelle de son univers...

Les couleurs sont un socle solide à la fantaisie tridimensionnelle de Ramon Enrich, elles rendent à ce «classicisme» maîtrisé une variété de perspectives merveilleuses et des points de fuite fantastiques. L’âme de chaque tableau est portée par une lumière envoutante, très douce, une lumière d’or qui se mêle aux couleurs des maîtres anciens, espagnols d’un siècle qui était «d’or» lui aussi.
Force est de constater que par son seul talent de coloriste, Ramon Enrich détient le pouvoir de s’emparer de notre esprit et livrer par une peinture à première vue spatiale et en prise directe sur le réel, une traduction nouvelle de la plasticité intérieure d’un monde pourtant bien irréel. La géométrie des formes simples dont il se sert ne ramène à aucun archétype connu et le libèrent de toute exigence représentative. Sa ligne toujours rigoureuse, l’harmonie systématique de ses compositions, le parfait ordonnancement de ses plans et le rapport chaud-froid de sa palette rendent une utopie picturale envoutante et servent une esthétique véritablement originale.

D'un point de vue analytique, l'œuvre de Ramon Enrich apparaît comme la tentative d'une immense synthèse : celle de relier les trois formes typiques que sont la peinture, la sculpture et l'architecture. Chose merveilleuse, il y parvient : ses peintures marient intelligemment l'architectonique de construction des masses de matériaux (architecture), la constructivité volumétrique de ces masses (sculpture), et leur expressivité de couleurs, de textures et de composition (peinture). L'historien Nikolaï Taraboukine avait en 1923 étudié cette voie expérimentale à la vue des premières abstractions russes, un siècle plus tard le peintre Enrich offre un prolongement heureux à cette audacieuse réflexion par une réinvention tout à fait contemporaine. "Il ne met pas de coupure entre les sens et l'intelligence, mais entre l'ordre spontané des choses perçues et l'ordre humain des idées et des sciences" écrivait Merleau-Ponty à propos des abstractions paysagères de Cézanne. A n'en point douter, l'écho de cette analyse résonne dans la recherche fondamentale portée par le travail du peintre-sculpteur Ramon Enrich.

Arnaud Pagnier et Emmanuel de Boisset
Co-fondateurs - Galerie Artismagna

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